Julien GREEN
- Le grand péché du monde moderne c'est le refus de l'invisible.
- Lire est une forme de paresse dans la mesure où on laisse le livre penser à la place du lecteur. Le lecteur lit et se figure qu'il pense ; de là ce plaisir qui flatte l'amour-propre d'une illusion délicate.
- Lorsque, dans un visage humain, le bas l'emporte sur le
haut, c'est qu'une transformation profonde s'est opérée dans l'être,
la volonté et les appétits l'emportant sur l'esprit, et d'une
façon générale sur ce qu'il y a en nous de meilleur. Il ne
faut pas que la bouche et la mâchoire triomphent des yeux et du
front.
- Ne rien se pardonner est une sorte de péché. Il y a beaucoup
d'orgueil à vouloir être plus sévère que Dieu. Nous devrions
tuer en nous cet homme-là.
- La pensée vole et les mots vont à pied. Voilà tout le drame
de l'écrivain.
- L'aboutissement normal de l'érotisme est l'assassinat.
- L'ennui est un des visages de la mort.
- Tout ce qui est triste me paraît suspect.
- Tout homme, à un moment ou l'autre, est un évangéliste sans
le savoir.
- Quel homme a jamais pu être sûr de ce qui se passe derrière
son dos ?
- L'opinion publique, c'est la sottise en action.
- On ne raconte pas le bonheur, on ne raconte pas l'amour.
- Rien ne nous vieillit comme la mort de ceux que nous avons connus depuis notre enfance. Je suis aujourd'hui plus vieux d'un mort.
- La mort perd de sa terreur. Elle est la porte de sortie d'un monde qui devient plus effrayant que la mort ne le fut jamais.
- Un livre est une fenêtre par laquelle on s'évade.
- Tout est joué avant que nous n'ayons douze ans.
- À mon âge, on accepte volontiers un bonheur qui n'est autre chose que l'absence de malheur.