Pierre REVERDY
- Il est remarquable que ce soit dans les périodes où la
société donne à l'individu le moins de garanties et
d'avantages qu'elle lui demande le plus de sacrifices et
d'efforts.
- On se prend à beaucoup mieux aimer la réalité, parfois, après
un long détour par les rêves.
- Qui ne risque rien n'a rien : ce n'est pas toujours vrai. Qui
risque tout n'a pas tout : c'est toujours vrai.
- L'éthique c'est l'esthétique de dedans.
- J'ai tellement besoin de temps pour ne rien faire qu'il ne m'en
reste plus assez pour travailler.
- Le plus souvent ce ne sont que des mouvements d'exubérance que
l'on prend, ou voudrait prendre pour de la générosité.
- Il y a le masque que l'on porte devant soi-même et celui que
l'on met devant les autres. Le premier risque beaucoup de nuire
à celui qui ne l'ôte jamais - pour l'autre on se repent presque
toujours de n'avoir pas su le garder.
- Être obligé de ménager les gens, quelle école supérieure
d'intelligence !
- Ce n'est pas toujours par goût, mais par manque des facultés
d'expression du concret que l'on s'en tient aux idées générales.
- À trop sonder l'humain, on dépasse les bornes et risque de
paraître inhumain.
- Notre être sentimental vieillit de la même façon que le
squelette, il devient à la fois plus dur et plus cassant.
- Plus on vieillit, plus on devient étranger. Plus il devient
difficile de rester uni à quiconque autrement que par les fils métalliques
de l'esprit.
- Vieillir, c'est aussi savoir combien de choses peut emporter le
vent.
- Créer, c'est penser plus fortement.
- Le plus solide et le plus durable trait d'union entre les êtres,
c'est la barrière.
- La poésie ne mène à rien - à condition de ne pas en sortir.
- Ce n'est pas tellement de liberté qu'on a besoin, mais de n'être
enchaîné que par ce qu'on aime.
- Un poète ne vit guère que de sensations, aspire aux idées
et, en fin de compte, n'exprime que des sentiments.
- Un bon poème sort tout fait.
- Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour.
- On s'aperçoit qu'on a un estomac bien avant de se douter qu'on a une âme.
- La vie est une chose grave. Il faut gravir.