Paul VALÉRY

- Les maîtres sont ceux qui nous montrent ce qui est possible dans l'ordre de l'impossible.

- Un homme sérieux a peu d'idées. Un homme à idées n'est jamais sérieux.

- La mémoire est l'avenir du passé.

- Ce qu'il y a de plus profond dans l'Homme, c'est la peau.

- Les grands hommes meurent deux fois : une fois comme hommes et une fois comme grands.

- Qui veut faire de grandes choses doit penser profondément aux détails.

- L'homme est adossé à sa mort comme le causeur à la cheminée.

- Nous entrons dans l'avenir à reculons.

- L'Europe deviendra-t-elle ce qu'elle est en réalité, c'est-à-dire un petit cap du continent asiatique.

- Le vent se lève ! Il faut tenter de vivre.

- Ce qui a été cru par tous, et toujours, et partout, a toutes les chances d'être faux.

- Ce qui m'est difficile m'est toujours nouveau.

- Ce qui n'est pas fixé n'est rien. Ce qui est fixé est mort.

- De deux maux, il faut choisir le moindre.

- Il faut être léger comme l'oiseau et non comme la plume.

- Il faut n'appeler science que l'ensemble des recettes qui réussissent toujours. Tout le reste est littérature.

- L'avenir n'est plus ce qu'il était.

- L'Histoire justifie ce que l'on veut. Elle n'enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout et donne des exemples de tout.

- Le réel est toujours dans l'opposition.

- Que de choses il faut ignorer pour "agir" !

- Qui rougit en sait un peu plus qu'il ne devrait en savoir.

- Un homme compétent est un homme qui se trompe selon les règles.

- Grand homme est celui qui laisse après soi les autres dans l'embarras.

- Tout ce que l'on dit de nous est faux ; mais pas plus faux que ce que nous pensons. - Mais d'un autre faux.

- Les véritables secrets d'un être lui sont plus secrets qu'ils ne le sont à autrui.

- Un homme tirait au sort toutes ses décisions. Il ne lui arriva pas plus de mal qu'aux autres qui réfléchissent.

- Les "raisons" qui font que l'on s'abstient des crimes sont plus honteuses, plus secrètes que les crimes.

- Nous n'apercevons des vivants que leurs moyens de défense et leurs organes d'attaque, leur tégument, leurs avertisseurs, leurs prolongements moteurs, leurs armes, leurs outils.

- La vie est à peine un peu plus vieille que la mort.

- Il ne faut demander au ciel que l'euphorie, et les moyens de s'en servir.

- Toute morale repose, en définitive, sur la propriété humaine de jouer plusieurs personnages.

- Le moderne se contente de peu.

- La politique est l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde.

- L'objet de la littérature est indéterminé comme l'est celui de la vie.

- La vanité, grande ennemie de l'égoïsme, peut engendrer tous les effets de l'amour du prochain.

- Chaque pensée est une exception à une règle générale qui est de ne pas penser.

- Les Optimistes écrivent mal.

- Les pensées que l'on garde pour soi, se perdent. L'oubli fait voir que soi, que moi, ce n'est personne. Je suis oubli aussi bien que pensée.

- Nos plus claires idées sont filles d'un travail obscur.

- Un chef est un homme qui a besoin des autres.

- Dieu créa l'homme et, ne le trouvant pas assez seul, il lui donna une compagne pour mieux lui faire sentir sa solitude.

- Les vilaines pensées viennent du cœur.

- Parfois je pense ; et parfois je suis.

- Un homme seul est toujours en mauvaise compagnie.

- La bêtise n'est pas mon fort.

- Entre deux mots il faut choisir le moindre.

- La définition du Beau est facile : il est ce qui désespère.

- Il semble [...] que l'histoire de l'esprit se puisse résumer en ces termes : il est absurde par ce qu'il cherche, il est grand par ce qu'il trouve.

- La faiblesse de la force est de ne croire qu'à la force.

- C'est en copiant qu'on invente.

- Une femme intelligente est une femme avec laquelle on peut être aussi bête que l'on veut.

- Le goût est fait de mille dégoûts.

- Les hommes se distinguent par ce qu'ils montrent et se ressemblent par ce qu'ils cachent.

- Je ne suis pas toujours de mon avis.

- L'homme est un animal enfermé - à l'extérieur de sa cage.

- Quoi d'imprévu pour qui n'a rien prévu ?

- Nous sommes faits pour ignorer que nous ne sommes pas libres.

- J’ai beau faire, tout m’intéresse.

- Le grand triomphe de l’adversaire c’est de vous faire croire ce qu’il dit de vous.

- Les grandes flatteries sont muettes.

- Tu es plein de secrets que tu appelles Moi.

- Toujours nous sommes interrompus, jamais nous ne sommes achevés.

- L’homme doit développer les facultés de son esprit comme un virtuose fait ses gammes.

- La politesse, c'est l'indifférence organisée.

- Rien n'est plus vieux que le journal d'hier.

- Je pense en rationaliste archipur. Je sens en mystique.

- L'homme de génie est celui qui m'en donne.

- Enrichissons-nous de nos différences mutuelles.

- La santé c'est le silence des organes.

- L’homme porte en soi tout ce qu’il faut pour l’humilier.

- Il y a un art de marcher, un art de respirer. Il y a aussi un art de se taire.

- On parle bien plus volontiers de ce qu'on ignore. Car c'est à quoi l'on pense.

- La prévision est un rêve duquel l'événement nous tire.

- L'amour consiste à être bête ensemble.

- Tout repose sur quelques idées qui se font craindre et qu'on ne peut regarder en face.

- L'esprit vole de sottise en sottise comme l'oiseau de branche en branche. Il ne peut faire autre chose. L'essentiel est de ne point se sentir ferme sur aucune...

- [...] deux dangers ne cessent de menacer le monde : l'ordre et le désordre.

- La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas.