Divers (6)


Et un autre... "Aime-toi, la vie t'aimera", un livre de Catherine Bensaid, Le Grand Livre du Mois 2001.

Catherine Bensaid est psychiatre et psychothérapeute.

Ci-dessous, quelques phrases extraites de ce livre :

- Seule la compréhension de ce qui fait mal peut permettre un jour d'en guérir.

- Nous et nous seuls sommes capables de savoir ce qui est bon pour nous.

- L'absence de désir caractérise l'état dépressif : il en représente le symptôme le plus lourd à porter.

- Le désir est nécessaire à la sensation d'exister.

- Il faut être vigilant pour que les plaisirs décrétés comme tels par la société ne deviennent jamais des contraintes : le désir doit être individuel et non social.

- Nombreuses sont les joies et les peines qui se transmettent de génération en génération : nous sommes riches de tout un passé avant même d'être mis au monde...

- Un enfant a toujours besoin de penser que ses parents s'aiment, la négation de cet amour le renvoyant à la négation de sa propre identité.

- Un enfant ne peut se construire sans amour.

- On peut se demander si ce serait réellement un cadeau pour nous que d'être aimés de façon inconditionnelle.

- Telle une langue maternelle, certaines douleurs nous sont tellement familières qu'il nous paraît "normal" d'avoir à les vivre et même tout naturel de nous mettre en condition de les revivre.

- Nous réalisons peu à peu qu'il ne faut plus attendre de l'extérieur ce qui ne peut venir que de nous-mêmes.

- Chacun de nous possède une identité qui lui est propre ; et personne ne peut la connaître mieux que nous.

- Quand même nous aurions aimé ignorer notre chagrin, le corps met en maux notre douleur morale : les peines de cœur nous donnent vraiment mal au cœur.

- Il apparaît essentiel de ne jamais mépriser l'apparition d'un signal d'alarme ; ce dernier nous met face aux limites de ce que nous pouvons supporter.

- Comment être bien si nous ne nous sentons pas exister dans le regard de l'autre, dans l'amour qu'il nous porte et qui par là même nous porte.

- Toujours fixé sur le passé, chacun a son petit cinéma intérieur qu'il projette en toutes circonstances, indépendamment de toute réalité objective : il en connaît le scénario par cœur.

- La peur d'un événement dramatique peut être parfois tout aussi douloureuse à vivre que l'événement lui-même : elle s'alimente des fantômes du passé, et des projections les plus pessimistes concernant le futur.

- Il nous faut le plus souvent être allé au-delà de nos limites pour les connaître et avoir atteint un certain seuil de souffrance pour décider enfin de nous protéger.

- Il devient évident qu'il ne faut plus rien attendre de ceux qui ne peuvent rien nous donner, de même qu'il est inutile de hurler face à ceux qui ne veulent rien entendre, de gesticuler face à ceux qui ne veulent rien voir, ou de vouloir atteindre ceux qui restent fermés à toute approche.

- La force de l'habitude apporte des contraintes qui, avec le temps deviennent naturelles.

- Face à un danger, ou face à tout type d'agression, présente ou prévisible, il peut être en effet préférable de fuir si nous savons par expérience qu'il est impossible d'y parer ou d'y répondre ; l'absence de fuite, selon les travaux de Laborit, est à l'origine de nombreuses maladies somatiques.

- Je m'aperçois qu'à chaque fois que j'exprime mes émotions, au fur et à mesure que je parle, mes sensations de douleur, de tristesse ou de colère, et même certaines douleurs disparaissent peu à peu.

- Sans désir, sans élan et sans âme, nous poursuivons un semblant de vie et nous nous éloignons de plus en plus de ce qui constitue notre nature profonde.

- Tout acte ou toute décision ayant pour but de respecter les désirs et les besoins du corps sont beaucoup plus bénéfiques pour lui que certaines réactions excessives qui peuvent, au contraire, nuire à son équilibre.

- Est-ce vraiment un cadeau à faire à ceux que l'on aime que de se sacrifier pour eux ? N'est-ce pas plutôt un moyen détourné d'éveiller leur amour, ou de les rendre peu à peu dépendants de nous ? Sous prétexte d'agir pour leur bien, ne les chargeons-nous pas d'une culpabilité trop souvent lourde à porter ? N'y a-t-il pas le risque de provoquer chez eux un malaise permanent en leur donnant la sensation que la dette est sans fin, et notre attente illimitée ?

- Faire plaisir dans la douleur et la résignation met infailliblement dans la situation d'attendre en retour une compensation nécessaire, et ce d'autant plus que notre propre plaisir est absent.

- Si nous ne nous donnons pas la permission d'être heureux, nous nous laissons facilement envahir par le désir des autres, ne pensant pas à protéger notre espace et notre temps de leurs intrusions incessantes.

- Il faut être à l'écoute de notre propre désir pour que les autres puissent à leur tour l'entendre.

- Depuis notre enfance, nous sommes à la recherche d'une reconnaissance qui puisse enfin nous permettre de nous accepter tels que nous sommes.

- Il nous faut du temps, des efforts d'analyse et des encouragements extérieurs pour pouvoir dépasser l'emprise qu'exercent sur nous nos parents.

- La famille, la société ensuite apportent des désirs préfabriqués, des plaisirs-modes d'emploi, et nous avons l'illusion à condition de nous y conformer d'y trouver là avec certitude ce qui fera notre bonheur.

- "Un jour, plus tard..." Il est parfois plus facile de rêver sa vie que de se donner, ici et maintenant, les moyens de la satisfaire.

- La souffrance qui résulterait d'un face à face avec notre insatisfaction est insupportable.

- À occuper tout son temps à gagner sa vie, on risque de la perdre, et à tout faire pour ne jamais perdre son temps, on n'a plus de temps pour soi.

- Nous pouvons accéder à un bien-être beaucoup plus profond si nous perdons l'illusion de pouvoir jamais combler tout à fait notre manque, et si nous pouvons ainsi profiter de ce que chaque moment nous offre, sans en attendre plus que ce qu'il peut nous apporter, sans y mettre aucune finalité.

- Si la recherche du plaisir se rapproche d'un besoin boulimique, ce plaisir est déjà usé dès lors qu'il est obtenu. Et vouloir répéter sans le renouveler toujours le même type de plaisir consiste à nier l'évolution du temps et la modification des besoins qui l'accompagne.

- Moins nous attendons quelque chose de précis et plus nous savons pouvoir éprouver du plaisir dans des circonstances très simples. Plus nous pouvons alors faire confiance à l'avenir et ne pas craindre sans cesse que l'on ne nous donne pas, ou que l'on nous retire l'objet de notre désir.

- Il n'est pas un domaine où refuser les difficultés permet de les faire disparaître ; celui des sentiments ne fait pas exception. Si nous ne payons pas nos dettes, elles ne feront qu'augmenter et il nous sera de plus en plus difficile d'y faire face ; de même, si nous n'exprimons jamais nos émotions, nous sommes en dette avec nous-mêmes.

- Nous avons besoin d'exister à travers un rôle bien défini, et reconnu par les autres ; un rôle qui peut être social, professionnel ou familial... Mais encore faut-il qu'il ne soit pas trop restrictif.

- Il est bien connu que ce qui attire chez l'autre, différence ou complémentarité, est justement ce qui un jour peut être à l'origine d'une séparation, soit parce qu'il est difficile de voir l'autre changer, soit parce que, ayant changé soi-même, cette différence paraît désormais insupportable.

- Plus chacun se montre vite tel qu'il est, moins il prend le risque d'avoir à soutenir ensuite une image trop éloignée de celle qui lui correspond réellement.

- Nous sommes plus à l'aise dans l'excitation et la lumière du jour que dans le silence et la profondeur de la nuit.

- Ne pas pouvoir vivre sa solitude, cela peut vouloir dire vendre son âme à des compromissions, s'arranger d'une relation parfois avilissante, d'une haine qui fait office de lien, et d'un consensus plus proche de la mort que de la vie.

- La vraie sensation de plénitude devrait être préexistante à tout apport extérieur. Même si elle est dépendante, elle ne doit pas l'être au point de perdre jusqu'à notre identité en cas de déception ou de manque de l'autre.

- Quelle merveille de ne plus tout contrôler, de se laisser aller à la force de ses sentiments, de vivre ses rêves au lieu de se contenter de les rêver !

- Ceux qui sont élevés dans l'idée que tout se paye, et surtout le plaisir, sont ainsi amenés à tenir une comptabilité serrée de ce qui rentre et ce qui sort ; de même qu'ils n'ont rien sans rien, ils ne se dépossèdent ensuite que très difficilement de ce qui leur appartient.

- La retenue de nos émotions, même si elle s'accorde aux mœurs de notre pays et de notre temps, ne doit jamais être telle que nous ne sachions plus nous-mêmes ce que nous ressentons.

- Pourquoi ne pas faire confiance à notre propre inspiration ? Même si nous ne créons pas une œuvre d'art, elle est là pour nous guider dans les choix de notre vie, indispensable à toutes les décisions importantes que nous devons prendre.

- Il faut paradoxalement prendre de la distance vis-à-vis de l'autre pour pouvoir s'en approcher ; trop près, il est impossible d'avoir la distance nécessaire pour le voir tel qu'il est.

- Toute attitude dans les relations avec les autres ne trouve sa justesse que dans l'absence d'excès, ou plutôt dans la nuance subtile entre deux tendances qui peuvent très vite devenir excessives.

- Pour ne tomber ni dans l'excès ni dans la maladie, peut-être faut-il trouver en soi cette réassurance que l'on attend parfois trop des autres, et se donner des moyens de trouver son propre équilibre avant que d'espérer l'atteindre dans sa vie relationnelle.

- Notre corps fait écho par ses manifestations à une insatisfaction profonde dont nous ne sommes pas toujours conscients ; mais il ne nous est pas toujours aisé de l'entendre car il existe un phénomène réflexe de résistance face à toute idée de changement.

- La perte de ce qui a fait un temps partie de notre définition, nous la vivons comme un deuil ; elle est la concrétisation de ce qui ne sera jamais plus, la fin irrémédiable d'une partie de notre vie. Changer, c'est mourir un peu.

- Notre angoisse, ou toute douleur susceptible de nous rendre la vie désormais insupportable, est malheureusement nécessaire pour pouvoir entreprendre une remise en question de notre mode de vie.

- Nous nous sommes laissé emporter dans des choix qui n'étaient pas les nôtres, comme si nous n'étions que le jouet du bon vouloir d'autrui, dépendants de ces aléas capricieux qui font tourner la roue dans un sens ou dans un autre.

- Mais s'il est vrai que tout choix est un sacrifice... et que toute décision peut être à l'origine d'un regret potentiel, ce refus de vivre ce qui est en déçà de notre idéal risque, s'il laisse intacts nos rêves, de nous rendre à jamais incapables de leur donner vie.

- Ceux qui, parce qu'ils se sentent incapables d'affronter la moindre déception potentielle, excluent d'emblée l'idée d'une remise en question ou d'un perfectionnement pouvant aboutir à une réussite ultérieure, s'enferment peu à peu dans une logique de l'échec : ils préfèrent la position de l'attente, avec son éventail de possibilités toujours ouvert à l'infini, à ce qu'une réalité, même si elle peut être source de plaisirs, vient leur imposer comme limites trop définies.

- Il leur faudrait tellement tout avoir, qu'ils font finalement en sorte de ne rien avoir. Et plus la relation qu'ils désirent doit être fusionnelle, plus ils remettent à plus tard un engagement qui, par le fait même de leur exigence, ne risque justement que de leur apporter des déceptions.

- Si nous sommes incapables de nous engager totalement dans quelque acte que ce soit, nous ne pouvons que difficilement y trouver une sensation de détente...

- Comment serait-il possible d'avoir la liberté d'aimer et d'être aimé, sans avoir à souffrir parfois d'une certaine dépendance ?

- Seul le choix délibéré de ce que l'on veut entreprendre peut donner la force d'en supporter les conséquences.

- Certains records sportifs comme toute séduction axée essentiellement sur l'apparence ne peuvent que décliner avec le temps ; elles deviennent source de désillusions inéluctables, nourrissant une amertume qui ne fait qu'empirer.

- Ne faut-il pas apprendre à réduire nos attentes, afin de nous satisfaire plus aisément de ce qui nous est donné à vivre ?

- Si nous décidons de nous engager totalement dans ce que nous faisons, présents dans chacun de nos actes, concentrés et attentifs, patients et persévérants, nous prenons déjà du plaisir à ce que nous faisons, au moment où nous le faisons ; et si nos pas nous mènent vers une connaissance plus approfondie et de nous-mêmes et du monde dans lequel nous vivons, toujours dans le sens d'un mieux-être et d'un mieux-faire, nous guérirons peu à peu de ces maladies de la pensée qui nous empêchaient jusque-là de vivre.


Mise à jour le : 24 septembre 2001